mardi, octobre 18, 2005

Lucien Fontanarosa : regard sur une oeuvre

copyright © Lucien Fontanarosa (1912-1975)
photo © Copyright Association Lucien Fontanarosa - ADAGP

"Le Pré Saint-Gervais et Pantin, vus des anciennes fortifications de Paris"
A la fin des années 1930, successivement de retour du Maroc où il séjourne un an, et d'Italie où il vit deux ans en qualité de pensionnaire de la Villa Médicis, après l'obtention du Premier Grand Prix de Rome en 1936, Lucien Fontanarosa s'interroge sur sa palette et la maîtrise de la couleur. Soucieux de ne pas se laisser envahir par les impressions enivrantes des lumières captées lors de ses voyages, il décide de restreindre sa palette à des tons sourds comme l'on s'astreint à une épreuve. Il ne se libèrera de ce cadre qu'une dizaine d'années plus tard. Une période précise va ainsi se distinguer dans son œuvre peint.
L'atmosphère sombre et contraignante de ces dernières années de la décennie, le conduit à brosser les paysages qui l'environnent dans le nord et l'est de Paris : les canaux dont celui de l'Ourcq, la ceinture de la capitale et ses anciennes fortifications, les bords de Seine et de Marne, les environs des Buttes-Chaumont, …
C'est ainsi qu'il livre sans le vouloir quelques œuvres historiques, témoignages de l'évolution de Paris, espaces le plus souvent vides de toute présence humaine, empreints de secret et de méditation. Des lumières ténues jaillissent dans un chromatisme dont le contraste ira grandissant avec les années. Sa culture picturale, l'héritage des maîtres du passé, de la Renaissance jusqu'au 20ème siècle, qu'il aspire à transmuter, sous-tendent comme des références ou des points d'appui la rigoureuse construction de ses compositions.
Il livre ainsi à l'amateur de peinture, de rares toiles, synthèse des temps et fenêtres sur le monde où pourra vagabonder la pensée.
Est-ce alors si important de reconnaître ici le Pré Saint-Gervais et Pantin au loin, les paysages industriels de cette banlieue de Paris et le premier plan des fortifications, talus où les enfants refont le monde? Dans sa simplicité, il s'agit déjà d'un paysage éternel, peu différent de ses vues de Rome de deux années antérieures : une recherche de sérénité et d'intemporalité, sans gratuité ni séduction facile, habite l'artiste et anime le grand peintre. © Copyright S.L.

"The Pré Saint-Gervais and Pantin, as seen from the old fortifications of Paris"
At the end of the 1930s, following his return from Morocco where he spent a year and from Italy, where he lived for two years as a resident in the Villa Médicis, after being awarded the Premier Grand Prix de Rome in 1936, Lucien Fontanarosa began to wonder about his palette and his ability to master colour. Careful to avoid being overwhelmed by the intoxicating impressions of the light he had soaked up during his travels, he decided to restrict his palette to muted tones as if subjecting himself to a challenge. He would not free himself from this constraint until almost ten years later. As such, a specific period stands out in his painted works.
The sombre and restrictive atmosphere of the closing years of the decade led him to paint nearby landscapes to the north and east of Paris: the canals, including the Ourcq canal, the outer limits of the capital and its old fortifications, the banks of the Seine and the Marne, and the Buttes-Chaumont district and its surroundings…
As a result, he unintentionally gave us several historic works which bear witness to the development of Paris. These spaces, more often than not devoid of all human presence, are infused with a sense of secrecy and meditation. Watery light floods out in a chromatic range, whose contrast will keep growing with the years. His pictorial culture and the heritage of the old masters from the Renaissance to the 20th century, which he yearned to transmute, underpin the rigorous construction of his compositions like so many reference points.
In this way, he gave the art lover rare canvases that are both a reflection of the times and a window on the world where minds are free to wander.
Here then, is it really so important to recognize the Pré Saint-Gervais and Pantin in the distance, or the industrial landscapes of the Paris suburb with the fortifications in the foreground and their embankments where children remade the world? In its simplicity, it has already become an eternal landscape, not that different from his views of Rome two years before: a quest for serenity and timelessness, without gratuitousness or cheap sentiment, lives within the artist and guides the great painter. © Copyright S.L.

contact : Galerie Bernheim-Jeune, Paris  
http://bernheim-jeune.com/fontanarosa